Serments

Les Serments sont porteurs des rites et traditions des anciennes guildes militaires, défenseuses de la Ville de Bruxelles. Depuis le XIVe siècle pour certains, ils perpétuent et transmettent les pratiques et savoirs-faire liés au maniement d’armes anciennes : le tir à l’arbalète, l’escrime, le tir à l’arc.

Les Serments de Bruxelles étaient au nombre de cinq sous l’Ancien Régime :

les Arquebusiers de Saint-Christophe (fondé en 1477), le Serment Royal des Saints Michel et Gudule ou des Escrimeurs de Bruxelles (fondé en 1480), le Grand Serment Royal des Archers de Saint-Sébastien (fondé en 1381), le Grand Serment Royal et de Saint-Georges des Arbalétriers de Bruxelles (fondé en 1381) et l’ancien Grand Serment Royal et Noble des Arbalétriers de Notre-Dame du Sablon (fondé en 1213).

 

Les Guildes désignait au Moyen Âge (XIe – XIVe siècles) une association ou coopération de personnes pratiquant une activité commune. 

Les premiers échos qui font mention de guildes remontent au règne de Charlemagne.

Des groupes organisés en confrérie (membres d'une même lignée familiale ou non) assurent la sécurité du transport de marchandises, se promettent assistance mutuelle et soins en cas de catastrophes. 

Dans la Belgique naissante, les guildes militaires jouèrent un rôle très important de valorisation d'une histoire et de traditions communes, sensés soutenir le développement du sentiment national. Les plus hautes autorités, non seulement de la Ville, mais aussi de l’État, notamment nos premiers souverains, ont soutenu leur renaissance. Elles sont, d'ailleurs, parmi les premières du pays à avoir pu porter l'adjectif de « royal ».

 

 

L' Ancien Grand Serment Royal & Noble des Arbaletriers De Notre-Dame au Sablon 

fondé en 1213

 

Elle est la plus ancienne société de Bruxelles si pas même de tout le royaume.
Elle porte aujourd’hui officiellement le titre d’Ancien Grand Serment Royal & Noble des Arbaletriers De Notre-Dame au Sablon.

Le Serment est une Compagnie  laïque mais très marquée par la vie chrétienne et se met, selon l'usage de l'époque, sous le patronage de la Vierge et de Saint Georges 

Sous l'impulsion du Duc Jean II de Brabant, l'Hôpital St Jean cèdera, en 1304, au Serment un terrain au Sablon sur lequel sera construite une Chapelle. 

Cette modeste chapelle  connut une grande renommée lorsqu'y fut transportée en 1348 une statuette miraculeuse de la vierge.

Selon la tradition, cette statuette aurait été amenée d'Anvers par  Béatrice Soetkens, une pieuse femme qui aurait reçu pour mission, de la Vierge d'emmener sa petite statue à Bruxelles où elle fut accueillie par les Arbalétriers miraculeusement avertis de son arrivée. 

La renommée de la statue attira les dévots et grâce aux offrandes qui affluaient, les arbalétriers purent construire une nouvelle église au XVe siècle.

Dès sa création, la compagnie des arbalétriers organise chaque année à l'Ascension, un concours  de tir entre ses membres. Le vainqueur reçoit  le titre de Roy de tir qui lui permet d'occuper la place d'honneur dans toutes les manifestations auxquelles participe la compagnie. 

 


Grand Serment Royal et de Saint-Georges des Arbalétriers de Bruxelles 

fondé en 1381

 

Le Grand Serment Royal et de Saint-Georges des Arbalétriers de Bruxelles perpétue les traditions et les valeurs des Gildes militaires médiévales tout en valorisant et en développant le noble tir à l'Arbalète.

Il réunit une centaine de membres, à la fois des passionnés de tir - certains de ses tireurs participent aux compétitions nationales au sein de L’Union Nationale des Arbalétriers de Belgique (UNAB) - mais aussi de l'histoire et du folklore de la Ville.
L’admission à la Gilde des adhérents, hommes et femmes qui s’exercent régulièrement au tir, se fait par parrainage et suivant un rite établi. Les Compagnons sont astreints à participer de manière régulière aux tirs et rituels de la Gilde suivant un protocole, mais aussi à mettre leurs compétences au service de celle-ci afin d’assurer son fonctionnement et son rayonnement.

 


Grand Serment Royal des Archers de Saint-Sébastien 

Fondé en 1381 

Patronage: Saint-Antoine et Saint-Sébastien

 

Le Grand Serment des Archers de Saint Sébastien de Bruxelles, tel que nous le connaissons, doit sa re-naissance à quinze archers qui décident, le 14 août 1833, de se constituer en “Société des Archers au berceau de Guillaume Tell”.

Ces archers renouent avec les traditions pour tenter de ressusciter les anciens Serments abolis par la Révolution française quelque trente ans plus tôt.

Consciente d'avoir ainsi relevé le drapeau du tir à l'arc au berceau, adopté ses guidons (étendard) et ses armoiries, remis en honneur ses statuts et rétabli son usage, forte des liens qui la rattachaient aux serments des archers de l'ancien régime, "la Société des Archers au berceau, de Guillaume Tell ", sur requête adressée aux autorités de la Ville de Bruxelles, obtint de celle-ci, le 28 octobre1849, des lettres de filiation qui l'apparentent à l'ancien Serment des Archers de Saint-Sébastien.

D'où sa dénomination récente de Grand Serment Royal des Archers de Saint-Sébastien.
L'octroi du titre de " Société royale " est le fait de S.M. le Roi Léopold Ier.

 

A l'origine, les archers occupaient de nombreux locaux prestigieux tels :

  • La maison de " La Louve " situé Grand'Place
  • En 1830, les élégants jardins de la Société de la Grande Harmonie fondée en 1811.
  • En 1896, le vieil estaminet " A St-Jean baptiste ", situé au 95 rue de Laeken
  • Finalement , depuis 1973, rue de Marathon 1, 1020 Bruxelles

 


Les Arquebusiers de Saint-Christophe 

fondé en 1477    

Patronage: Saint Christophe et de Sainte Barbe

 

Le Serment des Arquebusiers ou Confrérie de l Arquebuse institué en 1477 sous le patronage de Saint Christophe et de Sainte Barbe

Son jardin d exercices était dans un des fossés de la première enceinte de Bruxelles rue Saint Christophe.

En 1826, il se trouvait établi rue de Vincket.

Le 1er mai 1698,  peu après le bombardement, que le Prince-électeur Maximilien-Emanuel de Bavière,

abattit l'oiseau des arquebusiers placé sur la Grosse Tour (Wollendries) et fut proclamé Roi du Serment.

Reconduit en triomphe au milieu d une foule immense, le saluant sur son passage d acclamations et de démonstrations de joie il soupa le même soir à la chambre du Serment.

L' Électeur fit ensuite habiller en bleu couleur de Bavière tous ceux du même Serment sans oublier Monseigneur Saint Christophe et le petit Julien Manneken Pis.

 

Livre Serment Arquebusiers 1
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La Descente de croix 

Tableau de Pierre Paul Rubens

La Descente de croix est la partie centrale d'un triptyque peint par l'artiste flamand Pierre Paul Rubens entre 1612 et 1614. Cette peinture est le second plus grand chef-d'œuvre que Rubens a réalisé pour la cathédrale Notre-Dame d'Anvers en Belgique, à côté de l'Érection de la croix.

Ce tableau lui fut commandé le 7 septembre 1611 par la Confrérie des arquebusiers dont le patron est

saint - Christophe.


Serment Royal de Saints Michel et Gudule ou des Escrimeurs de Bruxelles

fondé en 1480

 

Il prend, pour date de création, la signature de l’acte de 1480 qui établit le fonctionnement et les droits de la Guilde. A partir de cette époque, il participe à la défense de la Ville et de ses lieux emblématiques comme l’Hôtel de Ville et le Palais du Coudenberg.
Alors que les Arbalétriers ont fait perdurer, parfois en secret, leurs Guildes, la Guilde des Escrimeurs n’a pas survécu à la révolution française.

Ce n’est qu’en 1984 que la Maison de l’Escrime se vit transmettre par celui-ci l’héritage du Serment des Saints Michel et Gudule.

À la suite de cela, la Maison de l’Escrime devient un club de sport au sens moderne du terme, alors que le Serment qui fait référence aux traditions de la Guilde et au service de la garde civique, réunit au sein de ses membres des passionnés d’escrime mais aussi d’histoire et du folklore de la Ville.

 


C'était comment ?

 

FRANÇOIS SAMIN 

Archiviste Honoraire

Dans le titre de cette petite recherche, apparaît le terme« gilde ».

Comment définir ce concept ancien du vivre ensemble?

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Extrait de règlement de la Grande Guilde 

Extrait de règlement de la Grande Guilde 

Non daté, il se compose de dispositions diverses qui furent réunies lorsque la Ville assigna vers 1412 une allocation fixe à ses 60 arbalétriers.

 

§§ 1. « En l’honneur de Marie, mère de Dieu du Ciel, en l’honneur de Notre-Dame du Sablon, au nom de notre gracieux Seigneur le duc de Brabant, et la bonne ville de Bruxelles, l’ordonnance suivante a été arrêtée par les compagnons de l’arbalète de la Grande Gilde de Bruxelles, pour qu’elle soit observée entre eux. »

 

§§ 3. Van opweert te latene – (De l’autorité)

« En sortant de table, les doyens et les jurés dressaient une liste de douze personnes ; ils convoquaient ensuite dix ou douze membres de la Gilde qui, à leur tour, choisissaient parmi ces candidats deux nouveaux doyens et quatre nouveaux jurés. On prenait toujours le premier doyen ou chef doyen, parmi les bonnes gens ou bourgeois notables de la ville ; le second doyen et deux autres jurés parmi les compagnons du chaperon. Ce choix terminé, on le présentait à l’approbation de la guilde entière. Enfin, on élisait de nouveaux maîtres d’église ou maîtres de la fabrique : quatre pour le Sablon et un pour la chapelle de Saint-Laurent ; les premiers pris également par moitié, le second choisi tour à tour dans les soixante tireurs et dans les confrères du chaperon. Les maîtres d’église de Saint-Laurent restaient en fonctions pendant deux années consécutives. Immédiatement après l’élection de ces dignitaires, on recevait leurs serments. »

 

§§ 6. Van twiste of discort deenjeghen dandere te hebbene – (Des discordes entre compagnons)

« Les arbalétriers qui se conformaient à la lettre et à l’esprit de leurs statuts, se chérissaient en frères. S’élevait-il entre eux quelque différend ou quelque dispute, les dignitaires de la Gilde étaient seuls compétents pour en connaître et pour en décider.

S’adressait-on, dans un cas pareil, à une autre juridiction, montrait-on de la partialité pour l’une ou l’autre des parties, on était condamné à faire un voyage à Paris. »

 

§§ 7. Van lieghen te heetne - (Du Mensonge)

On ne pouvait ni s’insulter ni se qualifier mutuellement de menteur.

 

§§ 8. Van spelene in de Hondsgracht oft op der gulden camer – (Des jeux au Hondsgracht ou à la chambre de la Gilde)

« Toute espèce de jeu était interdite, sauf le tir à l’arbalète, si la réunion avait lieu au jardin d’exercice, et sauf le boire et le manger, quand on s’assemblait à la Chambre du Serment ; les contrevenants encouraient une amende d’un demi-florin de Hollande. »

 

§§ 12.Van vergaderene op de boele – (Des réunions ou cérémonies de la gilde)

« Il régnait, au moyen âge, dans presque toutes les corporations, un usage très propre à entretenir un esprit vraiment fraternel. Les membres prenaient part à leurs joies et à leurs douleurs réciproques. Cette louable coutume se pratiquait aussi chez les arbalétriers. Un confrère se mariait-il, mourrait-il ou perdait-il un enfant, on en donnait avis aux doyens, aux jurés ou au valet de la compagnie, qui devaient convoquer les confrères, sous peine, en cas de négligence, d’une amende de quarante schellings. La rétribution que percevait en ces occasions le valet se montait à quatre plaques. Sous peine d’une amende de trois livres, les membres étaient tenus d’assister à la cérémonie, comme à toutes les convocations faites par le roy, les doyens ou les jurés, et ils devaient comparaître avec le signe (teekene) de la Gilde. De son côté, le membre qui se mariait payait à la société un Albert d’or, et celui qui perdait un de ses enfants payait un demi-florin. À la mort d’un tireur, son uniforme et son meilleur arc devenaient la propriété de l’église du Sablon. Si le défunt était un seigneur, un damoisel ou un confrère du chaperon, il ne donnait que son plus nouveau chaperon d’uniforme et son meilleur arc ; à défaut d’arc, il payait deux peeters. »

 

§§ 14. Hoe men de gulde versueken sat ende den eet, die si doen moeten aisi in de guilde comen – (Admission et exclusion de la Gilde)

« L’appartenance à la bourgeoisie était une condition rigoureusement exigée de celui qui se présentait pour être reçu dans la gilde. Il devait, en outre, se rendre trois fois aux réunions désignées sous le nom de huedeken. À la troisième fois, si personne ne lui trouvait rien à lui reprocher, les doyens et jurés l’inscrivaient sur la liste des membres de la confrérie. Il payait, pour droit d’entrée, deux moutons, et, en outre, une gelte de vin pour les doyens et les jurés, une demi-gelte pour leur clerc, un walpoyt pour leur valet ou serviteur.

Il prêtait ensuite un serment ainsi conçu : « Je jure d’avancer et d’accroître, de tous les moyens qui seront en mon pouvoir, la construction de l’église de Notre-Dame au Sablon, de ne plus fréquenter d’autre société d’arbalétriers que la gilde, de ne porter aucun autre signe que le sien. Pour le cas où j’aurai connaissance de quelque complot qui pourrait être funeste au duc de Brabant, à ses héritiers, à son pays, à ses forteresses ou à ses villes, et particulièrement à la bonne ville de Bruxelles, je m’engage à en informer le roi, le doyen et les jurés du serment, auxquels je promets obéissance. »

Se faire recevoir parmi les arbalétriers sans être bourgeois ou commettre une action déshonorante, constituait deux délits entraînant également l’exclusion immédiate de la Gilde. »

 

§§ 16. Wat gulden maer te Brussel syn en moghen – (Devoirs et obligations des gildes bruxelloises)

Le chef-homme (hoofdman) du Petit Serment ou de Saint-Georges, ainsi que celui du Serment des archers sont désignés annuellement par le Grand Serment. »

 

§§ 21. Van t’snachs te cloppene – (De frapper la nuit)

« Celui qui se permettait d’aller frapper, la nuit, à la porte d’un confrère, faisait un voyage à Tournai. »

 

Extraits de l’ouvrage de François SAMIN - De la Groote Gulde à l’Ancien Grand Serment Royal et Noble des Arbalétriers de Notre-Dame au Sablon. Imprimerie Vandersande, 2007, pages 166 à 174.